Dans une décision rendue le 29 avril, la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) a autorisé la création d’une Chambre de coordination et de développement de la recherche sur les légumes de champ (à l’exception de ceux couverts par un plan conjoint, c’est-à-dire les légumes de transformation et les pommes de terre). Il s’agit d’un accomplissement majeur pour le secteur maraîcher.
Discuté depuis plusieurs années, le projet a fait l’objet d’une demande officielle en avril 2021. Son objectif est de « doter le secteur de la production des légumes de champ d’un levier financier lui permettant de soutenir la réalisation de divers projets de recherche et d’innovation afin de répondre aux enjeux préalablement identifiés par les producteurs ». Dans sa décision, la RMAAQ précise que « cette force de recherche vise à résorber la perte de compétitivité du secteur québécois par rapport à d’autres zones de production, dont l’Ontario, qui bénéficient déjà depuis plusieurs années d’investissements stratégiques en recherche et innovation ».
Comme l’a indiqué la RMAAQ et comme l’ont souligné les demandeurs (le Syndicat des producteurs maraîchers du Québec, VIA Pôle d’expertise en services-conseils agricoles et l’Association québécoise de la distribution de fruits et légumes), l’évolution de l’environnement d’affaires, les changements climatiques et la diversification des exigences réglementaires et sociétales à l’égard du secteur maraîcher créent une forte pression sur les entreprises pour qu’elles modifient ou adaptent leurs pratiques. Des recherches sont actuellement menées et le secteur bénéficie des connaissances de centres d’expertise et de professionnels de la recherche. Mais ces efforts ne sont pas assez nombreux, dépendent de sources de financement variables et ne sont pas concertés. D’où la grande pertinence du projet.
Dans sa décision, la RMAAQ a souligné « le sérieux de l’analyse et des scénarios élaborés par les demandeurs pour le financement de la Chambre ». Elle a aussi fait état des nombreuses activités d’information et de consultation auprès des producteurs et du « fort taux de mobilisation et d’adhésion au projet ». Rappelons à ce sujet que les avantages liés aux investissements en recherche sont plusieurs fois supérieurs à leurs coûts. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, 1 $ investi en recherche agricole génère en moyenne 21 $ en avantages de toutes natures. C’est notamment pourquoi les groupes spécialisés de l’Union des producteurs agricoles ont investi collectivement 4,4 M$ en recherche et développement l’an dernier, l’amélioration continue de la qualité des produits et des pratiques agricoles étant une priorité.
L’article 136 de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche (LMMPAAPQ) rappelle qu’une Chambre « peut prendre toute mesure pour promouvoir, améliorer, coordonner et développer la production et la mise en marché d’un produit agricole ou alimentaire », incluant la promotion, la formation, la recherche de débouchés, les conditions de production et la mise en marché. Depuis le début de leurs démarches, les demandeurs ont toutefois affirmé leur intention que la Chambre n’exerce aucune activité liée à la mise en marché des légumes ou encore à leur promotion.
Cette intention est tout à fait conforme aux fondements de la LMMPAAPQ, qui se veut un coffre à outils flexible et malléable mis à la disposition des producteurs pour prendre collectivement leur avenir en main. Il ne fait aucun doute que l’action collective, 66 ans après l’adoption de la loi, est l’une des meilleures réponses à l’atteinte d’objectifs communs. C’est ce qui permet d’améliorer les façons de faire, d’accroître la productivité et de maximiser les retombées, en complémentarité avec les organismes fédéraux et provinciaux. Toutes mes félicitations aux artisans du secteur maraîcher!