En agriculture au Québec, le taux de suicide chez les hommes est deux fois plus élevé que celui des hommes dans la population générale1. Pour la Fédération UPA Outaouais-Laurentides, il est loin d'être superflu de demander à tous les producteurs : Comment vas-tu?
Très souvent, les agriculteurs ne se posent pas cette question à eux-mêmes et font passer leur entreprise avant le reste. Pourtant, leur bien-être, leur santé physique et psychologique sont un capital à préserver et un outil de travail précieux. Le métier d'agriculteur vient avec diverses sources de stress importantes : pression financière, aléas climatiques, fluctuations des prix, concurrence féroce, etc. Pour un agriculteur, l'hiver est un temps d'arrêt forcé, propice aux remises en questions, aux ruminations, au découragement... Cet hiver, demandez à un producteur ou une productrice que vous connaissez comment il ou elle va, pour lui dire simplement que vous prenez sa santé et son bien-être à cœur, en lui envoyant une carte postale électronique en 3 étapes :
- Cliquez sur le bouton plus bas « envoyer une eCarte à un ami »
- Choisissez la version que vous désirez : française ou anglaise
- Remplissez le petit formulaire d'envoi
- Envoyez la carte
Envoyer une eCarte à un ami This link will open in a new window
Une action en amont
Avant d’en arriver à vivre une situation de détresse, un agriculteur peut veiller à s’entourer des ressources qui lui permettront d’alléger la pression de son métier exigeant. C'est à ce niveau, en amont, que la Fédération UPA Outaouais-Laurentides peut les aider, en leur offrant des services professionnels —comptabilité, fiscalité, centre d'emploi, formation, vie associative, etc. Tout en les outillant, elle contribue à briser l'isolement des agriculteurs.
Savoir qu’on n’est pas seul et qu’on peut compter sur des gens qualifiés capables de nous aider est un premier pas pour prévenir le découragement, l’anxiété, voire la dépression et les pensées suicidaires. Parler de santé psychologique, de détresse et de suicide est important. Le sujet doit sortir de la zone des tabous. C’est une étape clé à franchir pour éviter des drames encore trop nombreux.
Depuis quelques années la Fédération joue un rôle actif au sein d'un comité régional en santé psychologique regroupant des intervenants du secteur de la santé et du milieu communautaire, ainsi que des producteurs. Cet outil de concertation permet de mettre de l'avant des actions concrètes en matière de santé psychologique. L'apport d'Écoute agricole des Laurentides (ÉAL), créé en 2015, doit être souligné. Cet organisme a pour vocation de briser l’isolement des producteurs par le biais, notamment, des interventions confidentielles d’une travailleuse de rang.
À l’instar d’un travailleur de rue, le travailleur de rang répond aux appels d’aide, apporte un soutien psychologique et recommande, au besoin, les agriculteurs aux ressources de la région.
Des sentinelles pour prévenir
La pièce maîtresse du plan d’action du comité régional est l’établissement d’un réseau de sentinelles, constitué de producteurs, d’employés et d’intervenants gravitant autour du monde agricole. Ces personnes, formées pour reconnaître les signes de détresse chez les agriculteurs, offrent un service de première ligne en les encourageant, au besoin, à solliciter de l’aide auprès des ressources compétentes en santé mentale. Le comité veille par ailleurs à sensibiliser ces ressources à la réalité des producteurs.
À ce jour, près d'une centaine de sentinelles ont été formées. Elles sont les premiers maillons d'un filet de sécurité visant à prévenir la détresse psychologique.
1. Pickett, W., King, W. D., Faelker, T., Lees, R. E. M., Morrison, H. I. et Bienefeld, M. (2000). Le suicide chez les exploitants agricoles canadiens. Agence de santé publique du Canada.