Le résultat des élections générales québécoises n’est toujours pas connu au moment d’écrire ces lignes. Je profite tout de même de cette tribune pour féliciter l’ensemble des candidates et candidats élus ou réélus et pour leur souhaiter un mandat à la hauteur des attentes de tous les Québécoises et Québécois. Au-delà des débats politiques et des positions strictement partisanes, j’espère que les 125 parlementaires sauront travailler ensemble et faire avancer les dossiers lorsqu’il s’agira des intérêts supérieurs du Québec.
L’agriculture est au cœur de ces intérêts. Ces quatre dernières années, le gouvernement de M. François Legault a notamment maintenu la très consensuelle Politique bioalimentaire québécoise (adoptée par le gouvernement précédent), investi des sommes importantes pour favoriser l’autonomie alimentaire et la hausse des investissements, déposé son Plan d’agriculture durable (incluant la rétribution des pratiques agroenvironnementales), adopté une toute première Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire (PNAAT), apporté des changements significatifs au Programme de crédit de taxes foncières agricoles et répondu à plusieurs demandes du secteur agricole, en l’occurrence pendant la crise sanitaire.
Toutes ces initiatives, inspirées en grande partie des analyses, des constats et des propositions des agriculteurs et des agricultrices à travers leur Union, sont importantes et méritent d’être soulignées. Le contexte géopolitique, la volatilité des marchés, la pénurie de main-d’œuvre, la croissance fulgurante des coûts de production, la hausse soutenue de la valeur des terres, les changements climatiques et la désuétude de plusieurs programmes de soutien commandent toutefois d’aller plus loin.
Le prochain gouvernement doit en effet favoriser la résilience des entreprises agricoles du Québec en assurant un financement récurent et ponctuel à la hauteur des besoins, en raison notamment du sous-investissement des dix dernières années, de la période inflationniste historique et de son effet direct sur les coûts de production. Il doit aussi accélérer le virage écologique souhaité par tous en élargissant l’encouragement de bonnes pratiques tout en assurant un financement stable et à la hauteur des besoins. La recherche et l’innovation doivent également faire l’objet d’un financement plus soutenu pour atteindre cet objectif.
La protection du territoire agricole, plus particulièrement au regard de la spéculation, de la mise en œuvre de la nouvelle PNAAT et de l’exemplarité des décisions gouvernementales, demeure une priorité. Tout comme faciliter l’accès aux terres agricoles pour les jeunes de la relève, car ces derniers sont essentiels au dynamisme rural et à la pérennisation de notre garde-manger.
La lourdeur administrative, à tous les égards, fait aussi partie des enjeux pressants; tout comme plusieurs demandes sectorielles telles l’aide urgente réclamée par le secteur apicole, l’amélioration du programme de modernisation des vergers et la préservation de 200 000 hectares de forêt publique pour l’acériculture. Les enjeux liés à l’abattage (maintien de services essentiels à la chaîne alimentaire, secteurs de production mal desservis, etc.) méritent aussi une attention particulière. Tout comme l’incohérence réglementaire vécue dans plusieurs secteurs, notamment brassicole et viticole. Les budgets dédiés à la mise en valeur de la forêt privée, essentiellement les mêmes qu’en 2010, ont quant à eux besoin d’être pérennisés et indexés. L’appui à la mise en marché collective, dans plusieurs régions forestières, doit aussi être respecté.
Le prochain gouvernement a donc du pain sur la planche. Quelque 880 candidats et candidates ont laissé libre cours à leur volonté d’agir et de servir en participant pleinement à un exercice démocratique essentiel pour la société québécoise. Cette implication est tout à fait méritoire et inspirante. Mais l’adhésion, la détermination et l’engagement des 42 000 productrices et producteurs à la protection et au développement du bien commun sont sans égal. Les agricultrices et les agriculteurs du Québec sont des forces vives dans leur milieu, qu’il s’agisse de leur entourage, de leur collectivité ou de leur région, et ce, toute l’année durant. C’est donc en privilégiant en toutes circonstances des politiques et des mesures leur permettant de vivre pleinement de leur métier que les 125 députés et députées, des deux côtés de la Chambre, leur rendront la pareille. Bon mandat!