L’UPA a fait état dès l’an dernier des difficultés vécues par un nombre grandissant de productrices et de producteurs, frappés de plein fouet par l’inflation, l’augmentation du coût des intrants de production et la flambée des taux d’intérêt. À plusieurs reprises, auprès de nombreux intervenants et sur une multitude de tribunes, nous avons démontré que le secteur agricole était plus vulnérable que les autres secteurs à la situation économique difficile que nous traversons.
Malgré les plaidoyers et les avertissements répétés du milieu, les gouvernements québécois et canadien n’ont pas réagi face à cette pression montante. Les budgets 2023-2024, tant à Québec qu’à Ottawa, n’ont réservé aucune place au soutien urgent qui était réclamé. Même les jeunes de la relève, parmi les plus affectés par la flambée des taux en raison de leur endettement plus élevé, ont dû prendre acte d’un statu quo budgétaire particulièrement insensible à leurs préoccupations légitimes.
Le mois dernier, l’UPA a décidé d’aller plus loin en documentant l’ampleur des difficultés vécues sur le terrain. Les résultats de ce sondage confirment les craintes de plusieurs. Selon les 3 675 répondants, deux entreprises agricoles sur dix rapportent déjà une mauvaise ou très mauvaise santé financière (0-5 ans : près de trois sur dix) et près de cinq fermes sur dix anticipent une détérioration de leur situation au cours des douze prochains mois.
Par ailleurs, trois entreprises sur dix ne génèrent pas assez d’argent pour couvrir leurs obligations financières, trois fermes sur dix se retrouveront avec un solde négatif en raison de la hausse des taux d’intérêt et quatre entreprises sur dix considèrent que la hausse des taux d’intérêt pourrait les empêcher de s’acquitter de leurs obligations financières.
L’horizon promet de s’assombrir encore davantage si rien n’est fait. En cours d’année, plus de six fermes sur dix entendent diminuer ou reporter leurs investissements, plus d’une sur dix réduira la taille de son entreprise et une ferme sur dix prévoit fermer définitivement ses portes au cours des douze prochains mois.
À toutes ces difficultés financières s’ajoute un resserrement tous azimuts de la réglementation agroenvironnementale, malgré les nombreux progrès accomplis ces dernières décennies. Le projet d’omnibus réglementaire modifiant 24 règlements, dont le Règlement sur les exploitations agricoles et le Code de gestion des pesticides, accentue indûment une pression déjà insoutenable pour un nombre grandissant d’entreprises, à un moment où leur pérennité devrait être la priorité. N’oublions pas aussi que chaque changement réglementaire, au-delà de sa teneur, entraîne automatiquement des coûts au chapitre des finances et des ressources humaines des entreprises concernées.
Nos voisins du sud n’ont pas hésité à intervenir pour permettre à leurs entreprises de traverser la tempête. Dès 2022, la loi américaine sur l’inflation (Inflation Reduction Act) a consacré 739 G$ US sur dix ans pour les soutenir, dont 22,6 G$ US pour le secteur agricole. Le visage de nos campagnes, dynamique et vigoureux malgré la crise sanitaire 2020-2022, pourrait être méconnaissable d’ici quelques mois à peine si nos gouvernements ne posent pas un geste de même nature.
L’UPA a proposé diverses solutions aux deux paliers de gouvernement, au regard notamment des entreprises agricoles en grande difficulté financière, de celles de la relève, de celles situées dans les régions périphériques et de celles qui participent au Programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles. Une intervention au chapitre du diesel coloré payé par les entreprises agricoles est aussi requise.
Je vous invite à consulter les grands constats et les solutions privilégiées à l’adresse www.upa.qc.ca/agriculture-sous-pression This link will open in a new window. Permettre aux entreprises agricoles en difficulté de poursuivre leur contribution essentielle au quotidien et à l’avenir alimentaire des Québécoises et Québécois est à la portée des gouvernements. Il n’est pas trop tard, mais il y a urgence d’agir.