Le lundi 3 juin dernier à la Maison de l’UPA, j’ai qualifié de « constructive » notre rencontre de travail avec le premier ministre François Legault et le ministre André Lamontagne.
J’ai employé ce terme parce que nos discussions ont marqué une avancée significative au regard de la reconnaissance. Depuis des mois, nous rappelons sur toutes les tribunes que la responsabilité économique, sociétale et territoriale des productrices et producteurs est énorme. Ces derniers s’attendent donc à des politiques et des mesures qui reflètent leur importance névralgique dans la collectivité.
La reconnaissance se réfère aussi au professionnalisme des productrices et producteurs, qui subissent depuis trop longtemps diverses nuisances à leur environnement d’affaires. La surenchère administrative et réglementaire est un obstacle tangible à la compétitivité de nos entreprises, tout comme l’imposition de frais de tout acabit.
Cette reconnaissance doit finalement donner suite à la détermination des productrices et producteurs, qui souhaitent être au cœur de l’ensemble des discussions ayant une incidence sur leur avenir ainsi que sur celui de la relève. Trop de ministères travaillent en silo, font preuve d’une mauvaise connaissance du terrain et négligent l’expertise des agricultrices et des agriculteurs.
Les échanges avec messieurs Legault et Lamontagne, ainsi que les pistes de solution envisagées à court et moyen termes pour faire face à la crise actuelle, sont allés en ce sens. À témoin, « l’entente de principe » décrite par M. Legault prévoit notamment la mise en place d’un bouclier financier pour faire face à la hausse des taux d’intérêt, une aide d’urgence pour la saison 2023 (excès de pluie et sécheresse), une réduction de la lourdeur administrative ainsi qu’un allègement réglementaire (14 mesures spécifiques).
Le premier ministre a aussi indiqué que l’actuel moratoire sur l’accroissement des superficies en culture, en vigueur depuis deux décennies, serait remplacé par un cadre réglementaire reconnaissant les bonnes pratiques. À moyen terme, le gouvernement du Québec prévoit un soutien accru pour l’adaptation aux changements climatiques.
Tous ces éléments, concernant pas moins de huit ministères, s’inspirent de nos propres demandes tout au long de la mobilisation. L’ouverture est donc au rendez-vous, mais le travail n’est pas terminé. D’une part, les propositions devront être entérinées par le conseil des ministres avant des annonces plus détaillées, au regard, notamment, des montants investis.
D’autre part, le renouvellement de la Politique bioalimentaire du Québec, dès l’an prochain, sera déterminant au regard, notamment, d’un rehaussement significatif des budgets, du soutien, de l’accompagnement, des mesures et des programmes destinés aux productrices, aux producteurs et à la relève. Ces derniers sont les principaux maîtres d’œuvre du plus grand projet de société qui soit, c’est-à-dire celui de nourrir durablement les Québécoises et les Québécois. La prochaine Politique doit être conséquente avec cette grande responsabilité en pavant la voie à des politiques agricoles équitables, c’est-à-dire qu’elles doivent permettre aux gens de la terre de vivre pleinement de leur métier.
Par ailleurs, nos attentes au regard de la Consultation nationale sur le territoire et les activités agricoles sont claires, bien identifiées et vont dans le sens d’une défense intégrale de notre garde-manger et d’un renforcement de l’ensemble des mécanismes nécessaires à sa protection.
Pour la suite des choses, nous suivrons attentivement les gestes concrets posés au cours des prochaines semaines et des prochains mois. L’écoute et la disponibilité du ministre Lamontagne, ainsi que l’implication personnelle de M. Legault, témoignent d’une volonté de raffermir le lien de confiance entre le gouvernement et le milieu agricole. Cette volonté doit toutefois aboutir à des résultats concrets, chiffrés et mesurables, au regard tant des sommes investies que des délais.
Les productrices et producteurs ne veulent pas simplement sentir que l’agriculture est une priorité nationale. Ils veulent aussi (et surtout) le constater. Et c’est en continuant d’être unis, solidaires et déterminés, à l’instar du chemin parcouru tout au long de la mobilisation et de la contribution soutenue de toutes nos organisations affiliées, que nous favoriserons l’atteinte de cet objectif.