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Autonomie alimentaire : la vouloir n’est pas suffisant

Publié le 31 octobre 2023 - Écrit par Michel Brien

Catégorie :

  • Citoyen/Citoyenne
  • Producteur/Productrice
  • Mots du président

Alors que je termine ma deuxième année à la présidence de notre regroupement dédié aux agriculteurs et aux défenseurs de l'agriculture, je me trouve plongé dans une profonde réflexion. J'observe nos deux gouvernements se débattre dans une période d'incertitude aux allures de fin de règne, et je me demande: la veulent-ils vraiment l’autonomie alimentaire du Québec et du Canada?

En Estrie, 5 000 producteurs et productrices exploitent 2 800 entreprises avec leur famille et leurs employés. Ils sont appuyés par 43 employés de la Fédération de l’UPA-Estrie et des centaines de partenaires qui travaillent concrètement à une plus grande sécurité alimentaire pour leurs semblables et à un renom pour leur métier, leur communauté, leur pays. Ils peaufinent une agriculture et une foresterie viables et durables.

Pourtant, nos décideurs disent partager le même objectif, mais leurs actions semblent en contradiction avec les besoins essentiels de la population.

L’année a été marquée par la poursuite des augmentations de valeur des intrants, de la machinerie, des taux d’intérêt et des terres agricoles. Les aléas climatiques et les marchés mondiaux ont achevé les ambitions de certains d’entre nous. De son côté, la Financière agricole du Québec est plutôt lente à suivre le rythme et à adapter ses programmes aux nouveaux enjeux.

Pour couronner le tout, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) coupe dans les services-conseils et retarde la sortie du programme Prime-Vert.

La travailleuse de rang ne chôme pas.

Pendant ce temps, nos ministres enchaînent les annonces de projets en zone agricole sans acceptabilité sociale ou si peu; en pleine consultation sur le territoire.

Nous sommes en 2023, et il est temps de reconnaître que gérer "en bon père de famille" ne signifie pas décider à la place des autres. Consulter les experts et les gens touchés doit primer.

Au travers les champs se profilent les éoliennes, les usines de batteries, les mines, les lignes d’exportations d’électricité, les voies ferroviaires pour des trains plus rapides, plus longs, sans passager ainsi que les constructions diverses sauf de logement. « Ça coûtera ce que ça coûtera », a dit le ministre des Transports du Canada, Pablo Rodriguez, au sujet de la voie de contournement de Lac-Mégantic. J’ai hâte d’entendre des politiciens dire la même chose pour protéger notre garde-manger et soutenir les producteurs.

 J’ai besoin de vous tous et de vous toutes pour poursuivre cette tâche colossale de changer le monde un rang de culture à la fois, une mise bas à la fois, une entaille à la fois, un cours d’eau à la fois, un courriel à la fois.

Michel Brien, producteur de lait et de foin de commerce à Racine
Président de la Fédération de l'UPA-Estrie