Les 1er et 2 octobre 1924, dans un contexte d’après-guerre, de surproduction, de chute des prix, d’endettement et d’exode rural, quelque 2 500 producteurs agricoles des quatre coins de la province se sont réunis à Québec pour fonder l’Union catholique des cultivateurs (UCC), devenue, en 1972, l’Union des producteurs agricoles (UPA).
La fondation de l’UCC, qui figure parmi les trente événements ayant le plus marqué la société québécoise selon certains historiens, a changé à tout jamais le parcours et la destinée des productrices et producteurs agricoles et forestiers de chez nous.
Réunis au sein de leur Union, ces derniers ont livré de nombreux combats, qu’il s’agisse du crédit agricole, de l’électrification rurale, de la mise en marché collective, de la sécurité du revenu ou de la protection du territoire et des activités agricoles. Ils se sont aussi attaqués à des enjeux de taille, comme la fiscalité municipale, l’agroenvironnement, l’aide internationale (par la création, notamment, d’UPA Développement international) et la mondialisation des marchés. Notre organisation accompagne aussi depuis toujours les productrices et producteurs au chapitre de la formation, de l’innovation, du développement et des services.
Au chapitre de l’écosystème agroalimentaire, l’approche collective préconisée par l’UPA et ses organisations affiliées a grandement influencé l’évolution de l’industrie. Signalons à cet égard que 90 % des produits agricoles mis en marché par les groupes spécialisés de l’UPA le sont collectivement, que plus de 66 M$ ont été investis l’an dernier en promotion et publicité, qu’environ 4,5 M$ ont servi à des activités de recherche et de développement et que plus de 1,3 M$ ont été remis en dons à la communauté.
Les auteurs d’une récente étude (2022) sur le potentiel de croissance du secteur agricole québécois, estimé à 23 % d’ici 2030, rappellent d’ailleurs que 66 % de nos produits agricoles sont transformés dans la province (25 % ailleurs au Canada). Cette distinction, qui fait partie des nombreux facteurs favorisant une croissance positive, témoigne d’un incontournable préjugé favorable à l’endroit de partenariats mutuellement avantageux et durables entre le secteur agricole et les autres maillons de la filière agroalimentaire. Les liens étroits qui animent et caractérisent cette grande famille alimentaire, de la terre à la table, sont non seulement à l’avantage de toutes ses composantes, mais aussi des consommateurs d’ici et d’ailleurs dans le monde.
L’UPA a aussi toujours été une organisation de son temps. Les 100 dernières années nous ont en effet permis d’appuyer et d’être partie prenante, selon le cas, de plusieurs grands changements, comme l’essor exceptionnel du secteur biologique, l’émergence des fermes de proximité et à la montée de l’entrepreneuriat féminin (selon le Recensement de l’agriculture 2021, les productrices agricoles comptent pour 27,7 % des propriétaires et copropriétaires des fermes québécoises).
La programmation du centenaire de l’UPA, en cours d’année, s’est inscrite dans la thématique Du cœur au ventre depuis 100 ans, qui illustre l’essence même de l’organisation et de ses membres. Pensons notamment aux secteurs de la forêt et du lait, qui ont été les premiers à se doter de plans conjoints; au défrichage de millions d’hectares aux quatre coins de la province, pour en arriver au patrimoine agricole et forestier que nous protégeons et développons passionnément depuis; à l’ancrage territorial de milliers de familles agricoles et à leur contribution exceptionnelle à la vitalité des collectivités rurales; aux aspirations de la relève et à leur souhait de participer à leur tour à un projet de société déterminant pour le Québec, c’est-à-dire nourrir durablement leurs concitoyens. Le centenaire de l’UPA était une occasion unique, tout au long de l’année, de faire connaître et de saluer toutes ces grandes réalisations et aspirations.
Le milieu agricole peut être fier de nos élus et de nos employés, qui œuvrent chaque jour à l’avancement de centaines de dossiers, dans tous les secteurs de production et dans toutes les régions. Les productrices et producteurs agricoles et forestiers savent depuis 100 ans que collectivement, ils ont la possibilité de changer les choses. Et j’ai la ferme conviction qu’ils continueront d’en faire la démonstration, au gré des rendez-vous avec l’Histoire.