Les conseillers généraux de l’Union ont récemment adopté les priorités de l’organisation pour 2023. À l’instar de l’an dernier, nos entreprises sont de plus en plus confrontées à des défis énormes, en l’occurrence économiques, environnementaux, climatiques et territoriaux. Elles évoluent plus que jamais dans un contexte d’endettement croissant et de rentabilité moindre, au sein d’un environnement fiscal et réglementaire qui ne favorise pas toujours la croissance. La situation géopolitique, l’inflation, la pénurie de main-d’œuvre, la lourdeur administrative, la hausse soutenue de la valeur des terres et les changements climatiques accentuent fortement les répercussions de ces lacunes.
Au regard de l’économie et de l’inflation, nos entreprises ont dû composer avec une hausse de leurs coûts de production qui va bien au-delà de l’inflation, huit hausses consécutives des taux d’intérêt ainsi qu’une dette agricole qui progresse plus rapidement que les revenus. À témoin, le montant de dette supporté par chaque dollar de revenu net a augmenté de 10 $ à 22 $ depuis le début des années 2000. L’Union continuera donc de réclamer des mesures spéciales pour limiter le coût des emprunts, pallier la hausse des coûts de production et répondre aux problèmes de liquidité afin que nos entreprises, plus particulièrement celles de la relève et des secteurs bovin et porcin, puissent passer au travers de cette période difficile.
Le remboursement du tarif douanier de 35 % sur les engrais russes, l’actualisation et la bonification des programmes de gestion des risques, l’augmentation significative des budgets du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec et la bonification des aides à la relève font aussi partie de la solution, tout comme un soutien vigoureux aux solutions nouvelles face à la pénurie de main-d’œuvre et à l’augmentation des salaires. Faciliter à tous les égards le recours aux travailleurs étrangers temporaires ainsi que l’accès à la résidence permanente pour ceux qui souhaitent s’établir ici, comme nous le réclamons depuis plusieurs années compte tenu de leur importante contribution à l’agroalimentaire québécois et canadien, est une avenue que les gouvernements ne peuvent plus reporter. Il faut agir maintenant.
En ce qui concerne l’aménagement du territoire, les décisions et les gestes posés doivent être plus responsables à l’endroit de notre garde-manger, y compris les érables en terres publiques. L’implantation du principe de « zéro perte nette » pour le territoire agricole contribuerait à combattre les ravages de l’étalement urbain, des spéculateurs, des projets industriels et de la construction d’infrastructures. L’exemplarité de l’État dans ses projets sur le territoire, incluant la fin du recours aux décrets, est également un prérequis. Le futur plan de mise en œuvre de la Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire devra quant à lui assurer un respect intégral des principes d’aménagement cohérent et durable qui y sont mentionnés.
Au chapitre de l’agroenvironnement, l’adaptation des entreprises agricoles et forestières fait l’objet d’efforts soutenus depuis des décennies. Les producteurs font aussi partie de la solution aux changements climatiques. Ils doivent, en tant que partenaires privilégiés, être partie prenante aux discussions et bénéficier d’un soutien et d’un accompagnement à la hauteur des défis. C’est pourquoi il faut notamment mettre fin au moratoire sur la mise en culture de nouvelles superficies (qui n’a plus sa raison d’être), bonifier l’aide directe aux initiatives agroenvironnementales, élargir les bonnes pratiques reconnues et prioriser les investissements permettant une plus grande adaptation aux changements climatiques. Il faut aussi dédommager les producteurs pour le coût de la tarification du carbone associé à l’achat des carburants et combustibles fossiles (69,9 M$ en 2022; 337 M$ depuis 2015). Cette contribution, alors que la très grande majorité des agriculteurs des autres provinces sont remboursés en tout ou en partie, nuit à nos entreprises.
Sur le plan organisationnel, nous continuerons de réclamer des changements législatifs permettant de tendre vers un mode de financement le plus équitable possible. Nous poursuivrons aussi la mise en œuvre du plan de renforcement de la vie syndicale, de la relève syndicale et de la mixité.
Il ne s’agit bien sûr que d’un survol des nombreuses priorités retenues. Signalons cependant que l’avenir alimentaire des Québécois est largement conditionnel à l’adoption, en toutes circonstances, de politiques et de mesures qui permettent aux productrices et producteurs de vivre pleinement de leur métier et de saisir toutes les occasions sur l’ensemble des marchés. Malgré certains bons coups des gouvernements ces dernières années, on est loin de la coupe aux lèvres. L’autonomie alimentaire est un beau projet et nous y adhérons pleinement. Il est toutefois impératif de pérenniser nos entreprises existantes et en démarrage et de favoriser l’émergence de nouvelles fermes.