Le Congrès général 2024, comme je l’ai indiqué le mois dernier, avait des allures d’événement historique. D’abord parce qu’il s’agissait du 100e de l’organisation, un jalon majeur pour le syndicalisme agricole québécois. Ensuite parce qu’il a permis de faire le point sur une année fortement marquée par une mobilisation d’une rare ampleur ces dernières années.
Les images des 17 rassemblements régionaux ainsi que les témoignages des quelque 4 500 productrices, producteurs et jeunes de la relève ont frappé l’imaginaire des Québécoises et des Québécois. À un point tel que le gouvernement du Québec, après des mois de déni et de surplace, a finalement donné suite à plusieurs des demandes du milieu.
L’UPA suit de très près le déploiement des mesures annoncées en juin dernier (233,8 M$), qu’il s’agisse des événements météorologiques extrêmes de 2023 (sécheresse en Abitibi-Témiscamingue et excès d’eau dans les champs dans la majorité des régions du Québec), de la bonification de l’initiative d’urgence (prêt de fonds de roulement), de l’adaptation du programme de protection contre la hausse des taux d’intérêt (Sécuri-Taux Relève), des allègements réglementaires et administratifs ou du soutien (à venir) à l’adaptation aux changements climatiques.
Un bilan sera disponible très bientôt, mais nous pouvons d’ores et déjà confirmer que des milliers d’entreprises ont bénéficié (ou bénéficieront prochainement) d’un soutien additionnel en vertu de l’une ou l’autre de ces mesures, selon leur situation particulière. Il s’agit donc d’une bonne nouvelle, même si le travail n’est pas terminé. Pour l’année qui vient, nous continuerons de réclamer des décisions et des actions gouvernementales vigoureuses, décisives et conséquentes.
Vigoureuses car un rattrapage majeur est requis à tous les égards, qu’il s’agisse des budgets, du soutien, de l’accompagnement, des mesures ou des programmes. Le renouvellement de la Politique bioalimentaire du Québec, en cours d’année, doit servir de tremplin vers des politiques beaucoup plus orientées vers la pérennité des entreprises, leur compétitivité face à la concurrence étrangère et leur capacité de réussir sur tous les marchés.
Décisives car la réflexion et les échanges doivent éventuellement mener à des gestes concrets. Les défis particuliers de l’agriculture en région périphérique, les besoins spécifiques de la forêt privée dans l’actuelle modernisation du régime forestier, ou encore la nécessité d’un retour d’ascenseur en retour des écofrais de toutes sortes et de la contribution directe des entreprises agricoles au Fonds d’électrification et de changements climatiques (400 M$ de 2015 à 2023 inclusivement; environ 85 M$ en 2024), sont connus depuis belle lurette. Il faut arrêter d’en parler, prendre une décision et bouger.
Conséquentes car l’autonomie alimentaire si prisée par les gouvernements depuis la pandémie doit se traduire par des investissements à la hauteur dans tous les secteurs de production (incluant l’acériculture en forêt publique). Elle commande aussi une protection accrue du territoire et des activités agricoles, ce que l’adoption dès ce printemps du projet de loi no 86 (Loi visant à assurer la pérennité du territoire agricole et sa vitalité) devra assurer (en fermant notamment la porte à la prolifération des utilisations non agricoles), ainsi qu’une plus grande prise en compte des enjeux agricoles lors des élections fédérales de cette année (plus particulièrement en matière d’adaptation aux changements climatiques et de commerce international).
Les gouvernements ont plusieurs occasions, en 2025, de démontrer leur appui au projet de société que nous défendons depuis toujours, c’est-à-dire nourrir durablement nos concitoyens. Espérons qu’ils en profiteront pleinement.
Au nom des dirigeants, du conseil exécutif, du conseil général et de l’ensemble des administrateurs de l’UPA, je vous souhaite une année remplie de santé, de bonheur et de solidarité!