Le Congrès général de l’UPA est un temps fort dans l’année pour le monde agricole. C’est un moment privilégié où les congressistes échangent entre eux et transmettent les messages de l’organisation à nos gouvernements et ministres de l’Agriculture.
Le congrès de cette année était l’occasion de faire le bilan agricole de la première année du gouvernement de la Coalition avenir Québec; un bilan positif, car pour l’essentiel, les engagements pris durant la campagne électorale ont été respectés. L’ajout de 250 M$ pour soutenir les investissements en agriculture et le dépôt du projet de loi 48 sur la fiscalité foncière agricole sont de bonnes nouvelles pour nous. La reconduction de la politique bioalimentaire était aussi souhaitée, ce que le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), André Lamontagne, a fait à son arrivée. Personne ne voulait se relancer dans une nouvelle consultation, avec tout le temps que cela demande. Les cibles de croissance de politiques sont ambitieuses et nous aurons besoin, pour les atteindre, de la collaboration de tous. Il s’agit d’un beau défi, très mobilisant.
Comme je l’ai indiqué au ministre Lamontagne pendant sa présence au congrès, il est impératif de s’attaquer à la lourdeur administrative des programmes offerts aux agriculteurs et agricultrices, qui fait que plusieurs d’entre eux s’abstiennent de recourir à l’aide disponible. Il est aussi primordial que La Financière agricole du Québec (FADQ) cesse d’agir comme un simple assureur qui cherche principalement à minimiser ses risques. Chaque producteur voulant démarrer un projet doit être considéré par la Financière comme une opportunité de développement, et non comme un risque éventuel duquel il faut se protéger.
Pour plus d’efficacité, il faut également développer une plus grande concertation entre la FADQ et le MAPAQ. La multiplication des programmes au ministère, tous plus normés les uns que les autres alors que la Financière intervient déjà avec les siens, entraîne une lourdeur administrative que nous ne pouvons plus nous permettre. À ce sujet, je vous invite à lire un article à ce sujet dans La Terre de chez nous de la semaine dernière.
Les marchés de plus en plus ouverts représentent peut-être des opportunités, mais exigent que nos gouvernements soient compétitifs. Les agricultrices et les agriculteurs ne peuvent assumer seuls la pression exercée par les conflits commerciaux, la concurrence de l’importation d’aliments étrangers qui ne respectent pas nos normes, les exigences environnementales et les attentes sociétales qui entraînent des coûts que nous ne pouvons transférer aux marchés.
Du côté fédéral, les agriculteurs et les agricultrices doivent pouvoir compter sur des programmes de gestion des risques d’entreprise (GRE) qui leur permettent de gérer les risques inhérents à leur métier et de traverser les crises. Ce n’est pas le cas actuellement.
L’absence de consensus parmi les provinces ne doit plus empêcher la modification des programmes fédéraux. Ottawa doit aller de l’avant. C’est dans cet esprit que nous avons profité de la présence au Congrès général de la ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada, Marie-Claude Bibeau, pour lui proposer la création d’un nouveau programme de gestion des risques. Dans les programmes actuels, les 15 premiers pour cent sont assumés par les producteurs. Dans celui proposé, de 15 à 30 % des pertes seraient assumées par un programme fédéral-provincial. Au-delà de 30 %, il s’agirait d’un programme catastrophe assumé à 100 % par Ottawa. Un tel programme répondrait en grande partie aux risques que doivent gérer les producteurs.
Tous ces dossiers feront l’objet d’une attention particulière au cours de la prochaine année. Je compte sur vous et je suis confiant, car c’est là que la présence de notre organisation partout sur le territoire revêt toute son importance pour continuer de « produire, nourrir, ici et maintenant ».
Éditorial La Terre de chez nous
Édition du 11 décembre 2019
Marcel Groleau, président général