L’Union des producteurs agricoles (UPA) constate que l’agroalimentaire est enfin identifié comme un secteur clé de l’économie par le gouvernement du Québec et salue sa volonté de préparer une stratégie agroalimentaire au cours de l’année 2016-2017, en collaboration avec le milieu. « Le gouvernement du Québec donne suite à un vaste consensus dans le secteur sur son potentiel de développement et son apport possible à la relance économique. C’est une excellente nouvelle et nous sommes prêts à l’action! », a déclaré le président général de l’Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau.
Rappelons que l’agriculture et la transformation alimentaire, en tant que premiers secteurs primaire et manufacturier, génèrent des ventes s’élevant respectivement à 8 G$ et 24 G$. Les deux secteurs combinés représentent 200 000 emplois au Québec (5,1 % des emplois), 11 G$ de PIB (5,9 % du PIB du Québec) et 4,5 G$ en revenus pour les différents paliers de gouvernement. Soulignons aussi que la stratégie agroalimentaire à venir va dans le sens de l’initiative conjointe de l’UPA et du Conseil de la transformation alimentaire du Québec qui, avec l’appui de La Coop fédérée, du Mouvement Desjardins, de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval et de la Fédération québécoise des municipalités, ont demandé la mise en place d’une telle stratégie.
Le budget consacré au Programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCTFA) augmente quant à lui de 8,3 M$. À ce sujet, contrairement aux prétentions de la Commission de révision permanente des programmes, le gouvernement du Québec reconnait son importance et reprend les arguments avancés récemment par l’Union et l’Institut de recherche en économie contemporaine. Il annonce aussi une réforme pour en faciliter la gestion gouvernementale, mais il faudra aller plus loin. Rappelons que les entreprises agricoles, en raison de l’évaluation biaisée des actifs agricoles et d’une taxation inéquitable, supportent de plus en plus une part disproportionnée du coût des services municipaux. D’où la nécessité d’une révision complète de la fiscalité foncière agricole.
Diverses mesures, comme la bonification du Programme Exportateurs de classe mondiale, la mise en place d’un consortium de recherche en transformation alimentaire et l’élargissement du programme de soutien au drainage des terres sont également à souligner. Tout comme la reconduction du Programme d’appui au positionnement des alcools québécois dans le réseau de la Société des alcools du Québec (PAPAQ), tel que le demandait l’Union et l’Association des vignerons du Québec. L’introduction de mesures fiscales pour encourager la réalisation de travaux sylvicoles chez l’un ou l’autre des 134 000 propriétaires de boisés privés québécois est aussi une excellente nouvelle.
Même si le gouvernement a décidé de ne pas rétablir les budgets de La Financière agricole du Québec (FADQ) à leur niveau de 2014, la conjoncture actuelle, qui demeure favorable sur les marchés, permettrait de donner suite dès maintenant aux recommandations du Groupe de travail FADQ-MAPAQ-UPA sur la sécurité du revenu. Il est urgent que le gouvernement donne ce signal aux producteurs afin de rétablir leur confiance en l’avenir et de stimuler leurs investissements.
Restera maintenant à voir, lorsque la stratégie agroalimentaire sera finalement élaborée, si le gouvernement se donnera véritablement les moyens de la mettre en œuvre. En effet, après des coupes de plus de 200 M$ ces dernières années dans le secteur Agriculture, Pêcheries et Alimentation, le gouvernement annonce aujourd’hui des compressions additionnelles de 23,2 M$. Ce montant représente une baisse de 2,6 % (de 889,5 M$ en 2015-2016 à 866,3 M$ en 2016-2017), alors que le budget global de la province a augmenté de 2,4 %. Parmi les coupes les plus substantielles, mentionnons les budgets dévolus à la FADQ (-9,5 M$), l’appui au développement en région (-13,7 M$) ainsi que l’appui au secteur de la transformation (-6,4 M$).