« L’été arrive, et la vie devient facile », écrivait un certain parolier célèbre. Il ne parlait certainement pas au nom des productrices et producteurs agricoles du Québec, qui ne disposent que de quelques mois pour cultiver et récolter. Les recettes de cultures représentent 57 % des recettes monétaires agricoles de la province. Il s’agit donc d’une période déterminante pour l’agriculture québécoise et l’alimentation des consommateurs d’ici et d’ailleurs.
L’actualité agricole n’a toutefois pas dit son dernier mot, nonobstant cette fenêtre estivale. Le gouvernement du Québec vient tout juste de lancer une consultation nationale sur le territoire et les activités agricoles, qui débutera dès cet été et se prolongera tout au long de la prochaine année. L’UPA participera activement à cette démarche en rappelant qu’elle est une occasion historique de réaffirmer l’importance de notre garde-manger. Ainsi, la consultation doit impérativement donner raison aux municipalités qui comprennent cette réalité et convaincre celles qui voient encore le territoire agricole comme une zone en attente de développement. Toutes les parties prenantes doivent partager une vision d’ensemble cohérente et contribuer à un aménagement durable du territoire. À l’instar de l’UPA et à juste titre, la Fédération de la relève agricole du Québec a des attentes élevées à cet égard.
L’avancement de plusieurs projets de loi retiendra aussi notre attention cet automne. Je pense entre autres au projet de loi 28, qui apporte des changements à la Loi sur les producteurs agricoles. Les changements proposés permettraient de tendre vers une formule plus équitable, comme le réclament depuis plusieurs années les productrices et les producteurs.
La réforme de la Loi sur les agronomes, qui a connu des ratés en 2022, pourrait réapparaître sous une nouvelle mouture. Rappelons que la version précédente niait l’expertise des productrices et des producteurs agricoles, limitait leur autonomie et ne répondait pas aux besoins et attentes exprimées. Il faudra veiller au grain à cet égard.
L’encadrement et la réglementation environnementale (incluant les pesticides, la biodiversité et la gestion de l’eau), le dossier de l’énergie (au regard notamment du développement éolien), les changements à venir au Règlement sur les exploitations agricoles, l’avancement du code des bonnes pratiques entre les grandes chaînes et leurs fournisseurs ainsi que l’aide aux entreprises agricoles en difficulté (en l’occurrence dans le secteur porcin) à la lumière de l’inflation, de l’augmentation des coûts de production et de la flambée des taux d’intérêt, retiendront aussi notre attention. Un suivi d’enjeux importants comme la biosécurité (évolution de la grippe aviaire), la mise en marché collective (volets forestier et acéricole), la révision des normes biologiques et la transparence des innovations en sélection végétale, l’impact des feux de forêt (comme en Abitibi-Témiscamingue), Rabaska (réinclusion des terres en zone agricole) et Lac-Mégantic (expropriations) sera aussi au menu.
Mangeons local : coup d’envoi de la saison estivale
Nous avons donc beaucoup de pain sur la planche, mais d’ici là, j’invite les productrices, les producteurs et leurs proches à prendre un moment cet été pour sillonner le Québec et visiter les fermes de proximité et les kiosques de vente à la ferme. Que ce soit pour s’approvisionner au quotidien ou sur la route des vacances, l’application Mangeons local saura guider le grand public vers les arrêts gourmands à proximité. La saison culminera avec les Portes ouvertes Mangeons local le dimanche 10 septembre, partout à travers le territoire.
Les ambassadeurs de la saison estivale 2023, à l’instar de l’an dernier, effectueront des tournées dans quatre régions du Québec pour découvrir une diversité de fermes. Mélissa Bédard visitera le Centre-du-Québec, Bob le Chef se rendra dans le Témiscamingue, Fabien Cloutier ira dans Chaudière-Appalaches et Marianne St-Gelais sillonnera le Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Cet éditorial est le dernier avant la pause estivale. J’espère que les mois qui viennent répondront à vos attentes, tant personnelles que professionnelles. Paul Doyon, Stéphanie Levasseur et moi vous souhaitons un bel été. Profitez-en, soyez prudents, et au plaisir de vous croiser cet été!