L’Union a participé à la conférence internationale Adaptation Futures 2023 ainsi qu’au tout premier Forum international des laboratoires vivants dans les agroécosystèmes, les 5 et 6 octobre derniers, à Montréal. Organisée par le consortium Ouranos, Adaptation Futures 2023 est la plus grande conférence mondiale sur l’adaptation aux changements climatiques.
Dans le cadre de la conférence et à titre de partenaire officiel, l’Union a participé à un panel intitulé « L’Importance d’investir collectivement dans l’adaptation : les impacts des récents événements météorologiques extrêmes sur les secteurs agricole et alimentaire canadiens ». À cette occasion, trois producteurs agricoles ainsi que des professionnels de la confédération, du Conseil pour le développement de l’agriculture du Québec et d’Agriculture et Agroalimentaire Canada ont échangé sur l’adaptation des pratiques agricoles dans un contexte de changements climatiques.
Dès le lendemain, près d’une centaine de personnes ont participé à une visite terrain organisée par l’Union à la Ferme Cristallina, dans la municipalité de Saint-Barthélemy. Lors de cette activité, deux projets phares en matière d’innovation et d’adaptation aux changements climatiques ont été présentés : Agrisolutions climat 2022-2024 et Laboratoire vivant — Québec 2020-2023. Au-delà de leurs succès, ces projets ont une chose en commun, soit la place centrale occupée par les productrices et les producteurs dans les activités de développement et d’adoption de pratiques agricoles innovantes.
Le milieu agricole québécois peut être fier de ce penchant exceptionnel pour l’innovation et l’atteinte de résultats concrets. Les divers paliers de gouvernement doivent partager cette fierté en soutenant adéquatement ces efforts, ce qui, malheureusement, n’est manifestement pas le cas, selon un récent rapport de RBC Banque Royale. On y apprend en effet que les productrices et producteurs agricoles canadiens reçoivent un soutien moins élevé que celui accordé aux agriculteurs d’autres pays comparables en ce qui concerne l’adaptation aux changements climatiques.
« Les secteurs agricoles des États-Unis, de l’Union européenne, de l’Australie et de la Chine reçoivent un financement environ trois fois plus élevé pour la lutte contre les changements climatiques que ce que le Canada accorde à son secteur. Pourtant, les attentes à l’endroit de nos agriculteurs continuent de croître : produire plus (dans des conditions météorologiques de plus en plus [extrêmes]), réduire les émissions et contribuer à assurer la sécurité alimentaire mondiale », peut-on lire dans le rapport, qui recommande fortement aux gouvernements fédéral et provinciaux de changer leur approche à l’égard des politiques agricoles « afin de protéger un secteur qui représente 7 % du PIB national — et qui a un immense potentiel de croissance ».
Le rapport tape dans le mille au regard du soutien, incluant l’accompagnement et la recherche. Le désengagement ou le retard des gouvernements doit être systématiquement comblé par les productrices et les producteurs, ce qui favorise l’endettement des entreprises et nuit à leur rentabilité immédiate et future.
La conclusion des auteurs du rapport s’applique également au financement de mesures structurantes (y compris dans les secteurs acéricole et forestier, qui sont aussi confrontés aux changements climatiques) et, à très brève échéance, au soutien accordé aux secteurs de production vivant des événements climatiques sévères et inhabituels. C’est le cas notamment des producteurs horticoles, pomicoles, de grains et de fourrages qui ont vécu l’enfer cette année, sur fond d’inflation et de hausse des taux d’intérêt.
Le gouvernement du Québec a posé des gestes concrets en réaction à cette tempête parfaite. Mais il est d’ores et déjà clair que des gestes additionnels devront être posés. Ces derniers jours, on apprenait que les pluies abondantes ont eu un effet considérable sur la production de courges et de citrouilles, une perte évaluée entre 25 à 50 %, selon l’Association des producteurs maraîchers du Québec. La Financière agricole du Québec annonçait quant à elle, le 29 septembre dernier, avoir enregistré 6 537 avis de dommages, comparativement à 3 169 l’an dernier à la même période.
Toutes ces pertes confirment, une fois de plus, que la situation exceptionnelle que vivent des centaines de familles agricoles milite encore et toujours en faveur d’une aide exceptionnelle, rapide, à la hauteur des besoins et à l’extérieur des programmes existants.