J’ai eu l’occasion de participer à l’assemblée générale des Éleveurs de porcs du Québec, le 9 juin dernier. Comme on le sait, ce secteur de production traverse une période difficile et fait tout en son possible pour se restructurer de façon positive et ordonnée.
L’appui du gouvernement québécois continuera de se préciser au cours des prochains mois. Celui du gouvernement canadien, pour qui la production porcine québécoise est aussi un fleuron, se fait toutefois attendre. Il en a d’ailleurs été question lors de récentes consultations du Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, à Ottawa. Cette attente est aussi constatée, plus largement, en marge des difficultés qu’éprouvent un nombre grandissant de fermes au Québec, tous secteurs de production confondus.
Dévoilés en avril dernier, les résultats de notre sondage sur les conséquences de l’inflation, de l’augmentation des coûts de production et de la flambée des taux d’intérêt sur la situation financière des fermes québécoises étaient sans équivoque : l’agriculture est plus touchée que d’autres secteurs par le contexte économique défavorable et l’horizon s’assombrit pour un nombre grandissant de fermes, plus particulièrement les entreprises en démarrage.
Le gouvernement du Québec a rapidement donné suite à cette urgence d’agir — même si d’autres gestes devront nécessairement être posés, car les besoins sont grands — en annonçant un programme ad hoc de La Financière agricole du Québec visant à appuyer les entreprises agricoles touchées par le contexte inflationniste. Cet appui financier additionnel, sous la forme d’une garantie de prêt de fonds de roulement de 50 000 $ sans remboursement de capital et d’intérêts pour les trois premières années, pourra totaliser jusqu’à 100 M$.
À cet égard, nous avons récemment indiqué aux instances appropriées que le critère lié au chiffre d’affaires (1,5 M$ et moins) pour avoir accès à l’aide d’urgence doit être révisé à la hausse, notamment pour les entreprises de taille moyenne des secteurs porcin et maraîcher. La mesure est donc perfectible. Mais elle témoigne tout de même d’une prise en compte rapide des enjeux et d’une volonté d’agir. Du côté canadien, le premier ministre Justin Trudeau se disait sensible à la situation critique de plusieurs fermes québécoises lors de sa visite à la Maison de l’UPA, en février dernier. « On va être là pour vous aider », a-t-il affirmé au terme d’une discussion publique en présence, notamment, de la ministre Marie-Claude Bibeau. L’agriculture québécoise en général, et le secteur porcin en particulier, attend avec impatience que cet engagement se transpose en geste concret.
Les programmes actuels n’ont pas été conçus pour gérer ce genre de situation inhabituelle, accentuée encore plus par la nouvelle augmentation du taux directeur de la Banque du Canada. Les difficultés vécues sur le terrain sont exceptionnelles et requièrent donc une aide tout aussi exceptionnelle, qu’il s’agisse d’une adaptation rapide des programmes, d’un report du remboursement prévu dans le cadre du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (comme le réclament aussi d’autres secteurs économiques en difficulté) ou d’une aide ad hoc.
Rappelons que nos voisins du sud n’ont pas hésité à intervenir pour permettre à leurs entreprises de traverser la tempête. Dès 2022, la loi américaine sur l’inflation (Inflation Reduction Act) a consacré 739 G$ US sur dix ans pour les soutenir, dont 22,6 G$ US pour le secteur agricole. Il est grand temps que le gouvernement canadien s’implique lui aussi à la hauteur des attentes légitimes et des besoins urgents du milieu.