L'inflation et la hausse des taux d’intérêt ont un impact important sur nos entreprises agricoles. Ils affectent la rentabilité et la compétitivité des agriculteurs, particulièrement dans les régions éloignées comme la nôtre.
L’autre jour, quelqu’un m’a demandé pourquoi j’en parlais autant alors que tout le monde est affecté par l’inflation, pas seulement les producteurs agricoles.
Or, les chiffres ne mentent pas. Les agriculteurs sont plus affectés. Depuis janvier 2020, l’Indice des prix à la consommation a grimpé de 11,8 %. Or, l’inflation en agriculture est de 28 %, soit deux fois et demie plus élevée que pour la population générale.
La tempête parfaite se poursuit alors que la facture en intérêt des producteurs du Québec est passée de 800 M$ à 1,3 G$ en 2023 et il est prévu qu’elle soit à plus de 1,4 G$ en 2024.
Avec un coût aussi élevé des intrants et des factures d'intérêt, il ne faut pas s’étonner que plusieurs entreprises soient fragilisées. L’Enquête canadienne sur la situation des entreprises révèle que 8,2 % des entreprises agricoles disent ne plus disposer des liquidités nécessaires pour assurer le fonctionnement de leur entreprise. Quand cela arrive à une banque, des milliards de dollars sont dépensés. Mais pour ceux et celles qui nous nourrissent, les gouvernements font la sourde oreille.
Concurrence féroce
Pourtant, je suis convaincu que les productrices et producteurs d’ici sont très performants. Mais la compétition est inégale avec les producteurs des autres pays qui peuvent importer leurs produits au Québec. Pour chaque dollar de produits agricoles produits au Québec, l’État alloue 0,06 $ en soutien aux producteurs. En Europe, l’État alloue 0,19 $ et aux États-Unis, 0,08 $. La moyenne des pays de l’OCDE est de 0,11 $, soit près de deux fois plus qu’au Québec.
Essentielle
Pourtant, l’agriculture est essentielle. Cela semble une évidence, mais nous avons parfois l’impression que certains ne se rendent pas compte que s’ils peuvent manger et vaquer à leurs occupations sans se demander s’il y aura assez de nourriture pour leur prochain repas, c’est grâce aux producteurs agricoles. Nous sommes le pilier sans lequel la société ne pourrait fonctionner.
Chaque fois qu’une entreprise cesse ses activités, c’est toute la chaîne alimentaire qui est affectée. Moins de nourriture disponible fait monter les prix pour les consommateurs. Notre combat pour obtenir un juste prix pour ce que l’on produit est donc un combat que l’on mène pour nos entreprises, mais aussi pour toute la population.
Dans les prochaines semaines, nous accélèrerons les moyens de pression afin de faire comprendre aux gouvernements l’urgence d’investir en agriculture.
Nous pratiquons le plus beau métier du monde, mais les gouvernements doivent mettre en place les conditions nécessaires qui permettent de bien en vivre et de prospérer. Suivez les actions de la fédération régionale et faites-vous entendre!
Solidairement,
Pascal Rheault, président