Les travaux parlementaires reprendront dès le 12 septembre prochain à l’Assemblée nationale du Québec et le 18 septembre à la Chambre des communes. Les député(e)s auront dès lors l’occasion de débattre des principaux enjeux de l’heure, de l’inflation à la santé en passant par l’éducation, l’environnement, le logement, les transports et les relations internationales.
De façon générale, l’intérêt d’un(e) élu(e)s pour les dossiers agricoles est plus soutenu lorsqu’il ou elle représente une circonscription rurale, ou à tout le moins à forte teneur agricole. On aurait toutefois tort, collectivement, de ne pas accorder à l’agriculture toute l’attention qu’elle mérite, même si les « ruraux » ne représentent qu’environ 18 % de la population québécoise (16 % de la population canadienne).
D’abord, parce que le secteur bioalimentaire est une véritable locomotive économique (75 000 entreprises au Québec; 517 000 emplois; 27,8 G$ en PIB) et que l’agriculture est à la base de tous les autres maillons (transformation, distribution, hôtellerie, restauration, fournisseurs, etc.). Même les élu(e)s d’une région aussi urbaine que Montréal, avec ses 42 entreprises agricoles (9 M$ de recettes en provenance du marché chaque année) et ses 747 entreprises de transformation alimentaire (10,1 G$ en livraisons manufacturières), devraient être à l’écoute des besoins et des attentes des agricultrices et des agriculteurs. Nous sommes « tous ruraux », comme on le soulignait il y a quelques années!
Ensuite, parce que l’autonomie et la sécurité alimentaires concernent 100 % de la population. Les agricultrices et les agriculteurs québécois et canadiens participent chaque jour à un grand projet de société, c’est-à-dire de nourrir leurs concitoyennes et concitoyens. Et la société, c’est tout le monde. Rappelons-nous qu’environ 670 000 Québécoises et Québécois fréquentent chaque mois les banques alimentaires. Ajoutons que l’accès à une variété d’aliments locaux de qualité est une condition essentielle en matière de santé. Il est donc clair que l’agriculture, à tous les égards, est un enjeu sociétal d’envergure, au même titre que l’éducation, la santé, le logement, etc.
J’espère donc que tous les élu(e)s, toutes circonscriptions et formations politiques confondues, prêteront une oreille attentive aux enjeux agricoles, et ce, dès la reprise des travaux à Ottawa et à Québec. Comme je le mentionnais dans mon éditorial précédent, les attentes, les besoins et les défis sont nombreux, qu’il s’agisse de l’inflation et des taux d’intérêt, de l’aménagement du territoire, des changements climatiques ou de l’agroenvironnement.
Urbains et ruraux doivent collectivement s’intéresser à la situation du producteur de porcs qui traverse difficilement la restructuration en cours; de la productrice de pommes qui a perdu 80 % de sa récolte en raison du gel printanier; du producteur horticole ou de grains qui craint pour l’avenir de son entreprise en raison des événements climatiques extrêmes des derniers mois; de la productrice d’Abitibi-Témiscamingue qui vit l’après-coup dévastateur d’une sécheresse inusitée; du producteur en région éloignée pour qui sa situation géographique a des conséquences réelles sur la rentabilité de son entreprise; du producteur biologique préoccupé par les enjeux de transparence et de soutien du secteur; de la productrice de proximité constatant des lacunes au regard de l’abattage et de la transformation; du jeune de la relève qui peine à démarrer son entreprise; du producteur forestier qui souhaite une mise en marché plus équitable dans sa région. Des centaines, voire des milliers de visages se cachent derrière chaque dossier, chaque enjeu, chaque statistique.
Les exemples sont multiples, parfois spécifiques à une région ou à un secteur de production, parfois partagés par les quelque 29 000 entreprises agricoles au Québec. Ils peuvent être structurels, conjoncturels, prévisibles ou imprévus. Mais ils sont tous légitimes sans exception. Au-delà de dire que c’est important, il appartient à tous les élu(e)s de s’y intéresser et d’agir rapidement.