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Un très bon choix en toute circonstance

Published on 16 January 2025 - By Martin Caron, président général

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  • Citoyen/Citoyenne
  • Producteur/Productrice
  • Textes d’opinion

Le ministère des Finances du Québec mène ces jours-ci ses consultations prébudgétaires en vue du budget de 2025-2026. Ces consultations se déroulent dans un contexte budgétaire difficile pour le gouvernement. Dans sa mise à jour économique de l’automne dernier, le ministre Eric Girard a confirmé que le Québec se dirigeait vers un déficit record de 11 G$ pour 2024-2025, qu’un retour à l’équilibre budgétaire ne serait possible qu’en 2029-2030 et qu’un plan à cet effet serait déposé au moment de la publication du budget 2025-2026, en mars prochain.

Cette marge de manœuvre limitée ne change toutefois pas la nécessité, dans le secteur agricole, d’un rattrapage majeur à plusieurs égards. Au chapitre des budgets, soulignons que celui du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec est actuellement moins élevé qu’il y a dix ans, toutes proportions gardées (0,95 % du budget de l’État en 2024-2025; 1,18 % en 2015-2016).

Ce recul n’est pas sans conséquence, le revenu net agricole au Québec ayant diminué de 92 % pendant la même période (malgré une augmentation des recettes de 59 %). Les attentes des productrices, des producteurs, de la relève et de leurs organisations respectives sont donc majeures, indépendamment des sommes annoncées ces deux dernières années pour répondre aux inquiétudes ainsi qu’aux difficultés du milieu.

L’un des conférenciers invités lors d’une récente activité de l’Association des commerçants de grains du Québec a d’ailleurs fait remarquer que les pays du G7 affichant les résultats les plus éloquents en matière d’agriculture profitable, résiliente et performante étaient ceux qui avaient vigoureusement investi dans ce secteur ces dernières années. D’où l’importance d’un rehaussement considérable des budgets, du soutien, de l’accompagnement, des mesures et des programmes destinés aux productrices, aux producteurs ainsi qu’à la relève, lors du renouvellement de la Politique bioalimentaire du Québec, en cours d’année. Les défis particuliers du secteur biologique et des fermes de proximité sont également des enjeux pressants.

Le rehaussement doit notamment inclure la création d’un programme d’aide consacré aux besoins particuliers des entreprises agricoles dans les régions périphériques (MRC prioritaires). Rappelons que nos deux sondages sur la situation financière des fermes québécoises ont démontré, en 2023 et en 2024, que ces entreprises agricoles vivaient de façon particulièrement précaire le contexte économique difficile.

Le soutien additionnel doit également porter sur le virage écologique souhaité par tous. Rappelons que le Plan d’agriculture durable (qui doit être renouvelé cette année) est doté d’un budget de 125 M$ sur cinq ans. Ce montant est bien en deçà de l’aide directe aux initiatives agroenvironnementales chez nos voisins du Sud (0,8 % des recettes monétaires agricoles, c’est-à-dire l’équivalent d’environ 104 M$ par année au Québec). Cet écart important doit être comblé.

Des attentes sont aussi bien présentes du côté de la contribution directe des entreprises agricoles au Fonds d’électrification et de changements climatiques (482 M$ de 2015 à 2024 inclusivement). Cette contribution nuit à la compétitivité de nos entreprises et devrait être remboursée, comme c’est le cas pour la très grande majorité des agriculteurs des autres provinces.

Le gouvernement québécois doit aussi répondre encore plus fidèlement aux besoins en matière d’accès aux terres agricoles en soutenant les activités de la Fiducie agricole UPA-Fondaction, dont la mission est d’acquérir des terres, d’en préserver la vocation à perpétuité et de les louer à long terme à des agricultrices et des agriculteurs locaux. Le rajustement des plafonds de taxation du Programme de crédit de taxes foncières agricoles et l’instauration d’un taux de taxe distinct obligatoire pour les immeubles agricoles sont aussi une nécessité.

Les productrices et producteurs comprennent très bien que les gouvernements ne nagent pas dans les surplus et qu’ils doivent faire des choix difficiles. Permettre à nos entreprises de nourrir durablement les Québécoises et les Québécois tout en contribuant positivement à la vitalité de nos régions en est certainement un très bon, en toute circonstance.