L’Union tiendra son 99e Congrès général annuel les 5, 6 et 7 décembre prochains à Québec. Sous le thème Agriculture et foresterie fiables et durables, cet événement permettra aux quelque 550 délégués, observateurs et décideurs des secteurs agricole et forestier du Québec de faire le point sur la dernière année et d’entrevoir la prochaine de façon à la fois positive et lucide.
Positive, car l’Union compte plusieurs réalisations ces douze derniers mois. Pensons notamment aux accommodements obtenus dans le projet de loi no 19 sur l’encadrement du travail des enfants, à l’adoption du projet de loi no 28 sur le financement des associations accréditées, au report des nouvelles exigences sur les bandes végétatives (régime transitoire de gestion des zones inondables, des rives et du littoral), à la création de deux nouveaux laboratoires vivants au Québec, au lancement d’un projet de convention internationale pour une alimentation durable ainsi qu’aux acquisitions de la Fondation UPA-Fondaction et de la Fiducie agricole REM. Commissions parlementaires, consultations diverses, représentations politiques, production d’études et de mémoires, promotion de l’agriculture et de la profession… Les exemples sont nombreux et je vous invite à consulter le rapport des activités 2022-2023 de l’organisation, en ligne, dès le début du Congrès général.
Lucide, car le soutien apporté par les deux paliers de gouvernement, malgré une mobilisation importante sur le contexte économique difficile et nos appels insistants en marge des événements climatiques extrêmes, s’est avéré insuffisant (voire inexistant du côté fédéral). La création d’une mesure d’aide d’urgence pour les entreprises agricoles, sous la forme de garanties de prêts, et les ajustements aux divers programmes de La Financière agricole du Québec n’ont répondu qu’en partie aux problématiques soulevées. Beaucoup de travail reste à faire pour répondre aux besoins et aux attentes des productrices et producteurs, des régions et des secteurs de production concernés. L’actualisation des programmes de gestion des risques et de la relève est au cœur des solutions.
Lucide également en raison du déséquilibre croissant entre le soutien agroenvironnemental et la pression constante des lois, des règlements et des frais encourus par les productrices et producteurs. Au seul chapitre de la tarification du carbone (propane et autres carburants), la contribution du milieu agricole atteindra 80 M$ cette année (338 M$ entre 2015 et 2022). Ces 418 M$ (remboursés en tout ou en partie dans les autres provinces) représentent, à eux seuls, plus de trois fois le budget total du Plan d’agriculture durable 2020-2023, fer de lance en la matière du côté québécois. Il est urgent de se questionner sur cette dichotomie grandissante entre les exigences gouvernementales, les attentes sociétales et les moyens mis à la disposition des productrices et des producteurs pour y répondre. La permissivité à l’égard d’activités comme le rejet des eaux usées municipales, l’étalement urbain qui empire ce phénomène ou l’évaluation environnementale des divers projets de la filière batterie (exemple : projet d’usine Northvolt à Saint-Basile-le-Grand) représente un véritable « deux poids, deux mesures » et devra faire partie de cette réflexion.
Lucide finalement parce que l’actuelle consultation nationale sur la protection du territoire et des activités agricoles minimise les pertes de superficies, omet la nécessaire exemplarité de l’État, s’attarde trop peu à la précarité de nos pratiques et envisage même divers assouplissements. Comme si tous les projets gouvernementaux, de la filière batterie aux éoliennes en passant par les infrastructures de toute nature, étaient systématiquement plus importants que la protection de nos érables et de notre garde-manger. L’autonomie alimentaire est-elle vraiment une priorité nationale? Difficile à dire dans le cadre de cette consultation.
La marche rassembleuse et solidaire pour la relève agricole et l’avenir de nos fermes, prévue le 6 décembre en marge du Congrès général, sera l’occasion d’interpeller les citoyens et les gouvernants. De leur rappeler qu’alimenter durablement les consommateurs d’ici et d’ailleurs est un projet de société essentiel. Mais il est aussi exigeant, surtout dans les conditions actuelles, et nous continuerons d’être combatifs et solidaires. À l’aube du 100e anniversaire de l’organisation (en 2024!), je vous souhaite un excellent Congrès général 2023.