Lors du 100e Congrès de l’UPA, il a beaucoup été question de l’entente conclue entre l’UPA et le gouvernement du Québec, en juin. Ce dernier a annoncé en grande pompe une aide de 200 M$ pour soutenir les producteurs et productrices agricoles.
Cette annonce faisait suite à des mobilisations sans précédent dans toutes les régions lors desquelles les agriculteurs ont sorti leurs tracteurs pour se faire entendre. C’était beau à voir, mais également triste, car nous sentions bien votre désespoir après des mois difficiles à lutter contre la hausse des taux d’intérêt et l’inflation.
Or, neuf mois après cette entente qualifiée d’urgente, mais insuffisante par l’UPA, plusieurs agriculteurs n’ont toujours rien reçu et la paperasse est toujours aussi lourde.
Chose promise, chose due
Il faut tout de même reconnaître l’effort du gouvernement alors que plus de 2,1 M$ ont été versés aux producteurs de l’Abitibi à la suite de l’entente obtenue pour la sécheresse de 2023. Certaines entreprises ont aussi pu bénéficier de la bonification du fonds d’aide d’urgence et du programme Sécuri-Taux pour la relève agricole. Par contre, la majorité du montant annoncé dort toujours dans les coffres du gouvernement.
Nous ne connaissons toujours pas de quelle façon et quels seront les critères pour bénéficier des 106 M$ annoncés pour s’adapter et lutter contre les changements climatiques. Même chose pour les mesures d’allègement règlementaire qui devaient permettre aux producteurs d’économiser 37 M$. Les détails sont actuellement en négociation et ces discussions devraient bientôt connaître leur aboutissement. Mais je le répète, il y a urgence pour que les producteurs voient une réelle différence.
Dans son discours au Congrès, le président de l’UPA, Martin Caron, a présenté des chiffres qui font frémir. En 10 ans (2015 à 2024), le revenu net des agriculteurs du Québec a chuté de 92 %. Ce chiffre est ce qu’il vous reste dans les poches une fois toutes les dépenses comptabilisées. D’ailleurs, vos dépenses ont augmenté de 78 % en 10 ans. Imaginez la réaction si le salaire des autres corps de métier diminuait de 92 %!
En 10 ans également, la dette des producteurs a plus que doublé. La colère exprimée par les producteurs au printemps était réelle. Plusieurs n’y arrivent plus. Cet automne, j’ai discuté avec des dizaines d’entre vous et le message est le même partout. Il doit se passer quelque chose pour que les entreprises restent en place et que la relève soit au rendez-vous.
Je demande donc à nos députés et au ministre de l’Agriculture de s’assurer que l’aide promise aux producteurs arrive rapidement afin que nous puissions poursuivre notre essentielle mission de nourrir la population.
La colère exprimée au printemps dernier est encore présente et il n’est pas exclu que nous nous fassions à nouveau entendre si les conditions de pratique de l’agriculture ne s’améliorent pas rapidement.
Note positive
Je souhaite terminer cette dernière chronique de l’année sur une note plus positive alors qu’une résolution a été adoptée unanimement lors du dernier Congrès pour qu’une aide spécifique aux régions périphériques soit mise en place.