Depuis plusieurs décennies, la protection de l’environnement est une préoccupation réelle des productrices et des producteurs agricoles du Québec. À témoin, l’UPA est partenaire de la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture depuis sa création en 1992. Dès 1994, elle a aussi mis en place un plan de match ambitieux visant à réduire l’impact des pratiques agricoles sur l’environnement. Ce plan de match a notamment pavé la voie à la création des clubs-conseils en agroenvironnement et de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement.
Après un bilan très positif, l’UPA et ses affiliés ont réaffirmé, en 2005, leur volonté de poursuivre leurs actions dans une perspective encore plus large. Le Programme de mise en valeur de la biodiversité des cours d’eau en milieu agricole 2005-2010, en collaboration avec la Fondation de la faune du Québec, est issu de cet élan. Tout comme le Plan d’action concerté sur l’agroenvironnement et la cohabitation harmonieuse 2007-2010, une collaboration entre l’UPA et les gouvernements du Québec et du Canada.
En 2010, l’UPA a proposé une nouvelle stratégie agroenvironnementale à ses partenaires gouvernementaux. Ils ont toutefois décidé de ne pas reconduire leur partenariat, malgré l’importance des enjeux, l’ampleur des besoins et les résultats éloquents des années précédentes. Un désengagement général de l’État dans le domaine de l’agroenvironnement s’est alors amorcé au regard, notamment, de la recherche, du transfert technologique et des services-conseils aux productrices et producteurs agricoles.
Malgré ce désengagement, l’UPA a continué de mettre de l’avant diverses initiatives au fil des ans, comme la campagne Opération bandes riveraines. Le gouvernement du Québec a aussi fait un premier pas intéressant en reconnaissant, dans le Plan d’agriculture durable 2020-2023 (directement inspiré du Plan vert agricole proposé par l’UPA en 2018), l’importance de rétribuer les producteurs et les productrices pour les bonnes pratiques qu’ils adoptent ainsi que pour les biens et services environnementaux qu’ils fournissent à la collectivité. Les budgets qui accompagnent actuellement cette reconnaissance ne sont toutefois pas à la hauteur.
Les agricultrices et les agriculteurs du Québec réclament depuis plusieurs années des investissements publics comparables à ceux de leurs principaux compétiteurs internationaux. Aux États-Unis, l’aide directe aux initiatives agroenvironnementales représente environ 1 % des recettes monétaires agricoles. Au Québec, cette aide annuelle est actuellement d’environ 0,4 % (2021). On est donc très loin du compte.
Par ailleurs, la contribution directe des entreprises agricoles québécoises au Fonds d’électrification et de changements climatiques depuis 2015 (débours liés à la tarification carbone, en l’occurrence pour le propane et les autres carburants) atteindra 300 M$ cette année. Cette contribution, que seuls les agricultrices et les agriculteurs du Québec doivent assumer à 100 %, nuit à la compétitivité de nos entreprises.
Les risques associés aux activités agricoles et forestières ont été considérablement réduits ces dernières décennies. Aujourd’hui, la réglementation québécoise, l’une des plus sévères au monde, et le maintien de certaines normes désuètes, comme l’interdiction d’accroître les superficies cultivées depuis 2004, plombent la rentabilité du secteur et l’atteinte de son plein potentiel. La lourdeur administrative associée à cette réglementation est aussi problématique.
Le prochain gouvernement doit prioritairement mettre fin au moratoire sur la mise en culture de nouvelles superficies et porter à 100 M$ par année, pour une période de 10 ans, l’aide directe aux initiatives agroenvironnementales. Il doit aussi élargir l’encouragement des bonnes pratiques et rembourser les productrices et les producteurs pour le coût de la tarification du carbone associé à l’achat de carburants. Investir dans la recherche de solutions de rechange aux équipements à haute consommation d’énergie est aussi une avenue à privilégier, tout comme un plus grand soutien au regard de la certification biologique.
Les productrices et les producteurs du Québec sont au rendez-vous depuis des décennies en matière d’agroenvironnement. Le prochain gouvernement doit miser de façon non équivoque sur cet engagement pour accélérer le virage écologique souhaité par tous.